L’on peut commencer par les marchés américains. En effet, rien de plus simple. Le nouveau président
va pouvoir démontrer ses talents, ceux qu’on lui prête de négociateur. Les conflits géopolitiques ? En
48 heures, il est évident qu’il les aura réglés. Les conflits économiques avec de grands partenaires du
fait de sa volonté d’augmenter les taxes douanières ? Il les réglera avec compromissions qu’on se le
dise et selon une méthode éprouvée. Les muscles d’abord puis une peu de commisération ensuite
pour des adversaires qui remercient de ne pas avoir été totalement laminés. Le Canada crie pitié, le
Mexique comprend la volonté d’endiguer l’hémorragie d’immigrations. La Chine évoque le besoin de
se montrer « raisonnable ». Bref, celui qui était conspué par les milieux financiers est désormais le
garant d’une croissance américaine libérée de toutes formes de chaines. L’important n’est nullement
d’épouser cette thèse divinatoire mais bien de constater qu’elle propulse les marchés américains en
général et le S&P 500 en particulier vers de nouveaux records et la collection de ces derniers devient
très rare pour une seule année. L’on ne prend jamais une tendance de front surtout si elle menée par
de tels chars haussiers. La période de « thanks giving » est celle des cadeaux et le S&P s’est offert le
luxe de déborder clairement les 6000 points. Dont acte.
La semaine à venir pourrait, Outre-Atlantique, nourrir une certaine réflexion et ce de manière propice
quand l’euphorie nécessairement s’estompera. Les chiffres de l’inflation ne sont pas excellents bien
que conformes globalement aux attentes. Au demeurant, l’économie entrevue sous le prisme d’une
liberté débridée va pécher avec une résurgence des tensions inflationnistes. La FED va devoir
résoudre une équation complexe. Ne pas surprendre les marchés par un abandon de sa politique de
baisse des taux mais ne pas non plus ne pas commencer à réfléchir aux conséquences d’une absence
d’atterrissage de l’économie. Les chiffres de l’emploi constitueront le plat principal de la semaine.
Attention aux bonnes nouvelles qui en prédiraient des mauvaises. Qui dit trop de créations d’emplois
dit inflation salariale laquelle impose une hausse des taux pour refroidir la machine économique. Un
beau casse-tête, prétexte à un peu de consolidation ?
Le rêve américain n’a pas trouvé le vent nécessaire pour le porter sur l’autre rive européenne ou du
moins de violents vents contraires soufflaient en France interdisant au CAC 40 de s’insérer dans la
mêlée gagnante. En effet, la probabilité de taxes douanières en Europe, le conflit en Ukraine où la
menace nucléaire se débarrasse de tout complexe brossaient un portrait déjà suffisamment
anxiogène sans qu’il fût nécessaire d’en rajouter et pourtant si ! Le triste spectacle d’un pouvoir
politique en déconfiture fait fuir les plus valeureux acheteurs. Le CAC 40 aligne six semaines
consécutives de baisse, un mois de novembre négatif et une année 2024 en pertes. Le projet de
budget élaboré à la hâte ne convient pas à une majorité de politiciens pour qui l’intérêt général n’est
que l’ennemi des prébendes. Surenchère, souvent irresponsable, et calculs boutiquiers ne peuvent
conduire à l’ataraxie et pourtant les marchés l’exige. Au demeurant, la patience de ces derniers a
perdu jusqu’à son symbole et la vengeance menace avec des taux d’intérêts qui de colère s’ébrouent.
La charge de la dette constituera le premier poste de dépenses devant celui de l’éducation nationale
de quoi obérer tout avenir de l’économie française. Les acheteurs prennent peur et il est difficile de
les blâmer.
Deux bonnes nouvelles toutefois. L’Europe veut croire aux promesses de redressement des comptes
et plus étonnant encore, l’agence Standard & Poors maintient sa note même si la « surveillance »
n’est pas levée. Le spectre d’une intervention du FMI s’éloigne et incontestablement la France est
trop importante pour l’Europe et ne saurait donc pas ne pas être soutenue. Trop grosse ainsi pour
disparaître. Tant mieux certes mais tant pis pour le coût de la dette. Un miracle pour la semaine à
venir ? Une motion de censure remballée dans les cartons à force de compromis intelligemment
trouvés. Le pragmatisme impose d’attendre, le CAC 40 n’a peut-être pas bu le calice jusqu’à la lie.