Voici bien la question, certes, un peu provocatrice que l’on peut se poser à l’issue dune semaine un
peu folle où une motion de censure, la seconde depuis l’existence de la cinquième république
conduit un gouvernement qui se voulait ouvert et « respectueux » à démissionner laissant derrière lui
un abime de complexité. Traditionnellement, il est répété que les marchés ont horreur de
l’incertitude et enclenchent généralement un mouvement baissier à la hauteur de leurs craintes et
autres inquiétudes. Ici, rien. Beaucoup mieux, le CAC 40 a mis fin à six semaines de baisse. Encore
mieux, il aligne cinq séances de hausse dont une euphorique vendredi. Au rang des prédictions que
ne renierait pas l’apocalypse, il fallait bien évidemment ajouter le fameux écart entre le « dix ans »
français et le « dix ans » allemand. Pensez, cent points de différence serait un minimum pour une
impéritie française élevé au paroxysme. Que nenni, il faut s’habituer bien plutôt à moins de quatre-vingt points entre les deux « moteurs » européens.
La réponse n’est assurément pas dans un quelconque remerciement à Monsieur Barnier mais bien
plutôt dans la très grande capacité des marchés à anticiper. Ces derniers ne veulent rien de moins
que de ne pas être négativement surpris. Les bonnes nouvelles, ils consentent volontiers à les
accrocher tout en applaudissant mais ils tiennent à toujours considérer leur boussole : le
pragmatisme. S’il faut analyser avec recul la décision présidentielle de la dissolution puis le résultat
des élections législatives, il n’était peut-être pas si difficile d’anticiper une situation de chaos.
Politique avec un gouvernement acculé aux compromis, économique avec des mesures à l’efficacité
très discutable sur fond d’absence de courage. Ainsi dès l’été, le CAC 40 fût délaissé comme s’il
s’agissait de la chronique d’une chute annoncée. La motion de censure est votée et sans doute faut-il
désormais croire que le CAC 40 va revenir dans le giron des marchés haussiers comme un wagon à qui
il est enjoint de s’accrocher de nouveau à la locomotive.
Cette dernière dont le rôle est confié incontestablement au S&P 500 va bien même très bien. Aucun
grain de sable dans des rouages aussi bien huilés. L’idée même d’un atterrissage de l’économie
américaine confine à l’absolue évanescence et la pluie de records, loin de déposer les premiers
stigmates d’une rouille naissante, évoque une félicité constamment entretenue. Les chiffres de
l’emploi sont conformes aux attentes et ne remettent pas en cause le principe d’un recul de
l’inflation. Pour un peu, le seul chômeur serait la FED qui d’elle-même pourrait se dispenser
d’intervenir. Une prochaine baisse de taux est pariée et pour la suite soit en 2025 pourquoi pas une
pause. La venue de Monsieur Trump et son cortège de libéralisations sur fond de chasse à la gabegie
suscite un grand enthousiasme et son corollaire un S&P 500 au-delà des 6100 points.
Un CAC 40 raccroché à la locomotive et cette dernière qui sans freiner se contenterait de veiller à une
absence de surchauffe de la belle mécanique haussière : Une anticipation possible pour cette fin
d’année ?